Prasa o nas – Plaisirs de la Chasse LA passion du grand gibier Nr 670 Maj 2008

Artykuł pochodzi z czasopisma Plaisirs de la Chasse LA passion du grand gibier, Nr 670 Maj 2008

En Pologne, au temps du rut

artykulA1A chasse du brocard en Pologne, c’est d’abord celle du moi5 de mai. C’est bien sor l’époque oú le brocard est particuliérement actif, et durant laquelle la végétation en forét comme dans les plaines est á son premier stade de développement. Par conséquent, les chances d’observations sont fréquen- tes, donnant l’occasion de réussir des tableaux de cinq á dix ani- maux sur une semaine, parfois plus, la “pirsch automobile” aidant: on sillonne les territoires en voiture, on s’arréte… quel- ques pas pour se positionner, on tire… et on repartí Cela, c’est lorsque la performance et la “rentabilité” prennent le dessus sur le fondement d’une chasse authentique et loyale.

La chasse estivale du brocard pendant le rut, c’est autre chose. D’elle, il est beaucoup plus rare- ment question. Elle est la plus difficile, et les tableaux qu’elle permet sont plus modestes: pou- voir tirer trois ou quatre brocards en une semaine est une bonne moyenne, mais il faut encore savoir se contenter d’un ou deux, et parfois accepter la bredouille. artykulA2

Les caprices de la météo blo- quent l’activité des brocards d’une maniere aussi soudaine qu’ils la relancent. Au bois, la végétation est á son máximum, et un rien peut cacher un chevreuil. En plaine, la moisson est rarement terminée… Parbonheur, lescha- leurs de la chevrette á cette épo- que rendent les brocards tres actifs, imprudents parfois… lis aiment rejoindre leur compagne la oü la nourriture est riche; prés fauchés en repousse, champs de blé ou d’orge á maturité, clamé- res et lisiéres de foréts oü les plantes herbacées et ligneuses sont si appétentes. Parfois, en jouant de l’appeau, le chasseur parvient encore á les tromper. Les faire ainsi venir á soi, passe encore, mais quand il s’agit de les tirer, rien n’est gagné; reste que c’est vraiment passionnant.

J’ai pu vivre l’été dernier une de ces semaines de chasse qu’on ne peut oublier. Eh oui, la chasse de qualité, a existe encore!

Le temps ne nous a pas épar- gnés pour le voyage: la pluie nous accompagne á partir de Hanovre, jusqu’á Franckfort-sur-Oder. Notre organisateur,Bogusz Kozyra, nous attend quelques kilométres aprés le poste frontiére. L’accueil est rapide, cordial, et nous repre- nons la route qui nous conduit á destination, Osno, petite ville tranquil le située 30 km aprés Swiecko (ville polonaise fronta- liére avec Franckfort). L’héberge- ment est un petit hotel tout neuf, en retrait de la route, á quelques pas de l’église. Le parking est gardé, nuit et jour. Les chambres sont confortables et l’accueil ne faillit pas á la tradition polonaise.

Une bonne pivo (biére) nous rassemble autour de la table pour arréter l’organisation de la semaine. Nous conversons en anglais.

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Les bonnes conditions sont réunies

L’heure de la premiére sortie est fixée, et le jeune patrón de l’agence nous quitte sur le “dasch botl’expression qui traduit les meilleurs souhaits de réussite pour la chasse. II nous donne ren- dez-vous au vendredi, point d’or- gue du séjour: chasseurs, interprete, guide, président du club, chef d’agence se retrouvent pour le bilan de la semaine, la pesée, lons A bon vent une nouvelle clairAnt qui se profile entre trois valtant d’un bouquet de bouleauxelle ses faons, un brocard les trophées, la fixation du monj tant des taxes de tir, le paieme du soldé de la facture, tout ce!autour d’un verre bien entenduB Attention de ne pas tomberdar le piége des tournées, car av< les chasseurs polonais, ?a pe étre fatal!

Cette semaine de chasse al brocard se déroule sur le terri toire du club de chasse Tumi (nom qui signifie martre). Coi posé de soixante chasseur celui-ci couvre 9300 ha dor 6400 ha de forét; le reste éta constitué par des plaines cult vées, jachéres et prairies. II e équipé de 105 miradors d’31 füt, et de 43 miradors pour l¡ battue, et compte un peu plii de 14 ha de cultures de topi nambours pour le gibier. Le plrii de chasse est de 180 sanglier 14 cerfs coiffés et 30 brocard Le club doit aujourd’hui fairi face á la baisse du nombre di chasseurs et aux difficultés q en découlent, notamment en cj qui concerne l’entretien d€ aménagements et toutes les taches associatives bénévole C’est un réel probléme m’avoui Stanislas, mon guide. De moir en moins de jeunes se passio nent pour la chasse, car elle e trop exigeante, trop contra gnante. La Pologne n’échappi done pas au phénoméne de diminution des effectifs.

Ce soir, le ciel semble s’ouvrj pour laisser place á l’été. Sta nislas m’emméne dans sa Sea Marbella, et aprés quelques kilo métres de route et de piste fores tiére, nous arrétons. Je com prends que nous allons visite une clairiére, puis qu’ensuiti nous irons plus loin… Nous abor dons celle-ci avec miIle précau tions, jusqu’á un mirador de bat tue sur lequel nous nous pos tons. Nous ne sommes pas li depuis cinq minutes que Stanis las me signale une chevrette sof tant d’un bouquet de bouleaux elle est tres énervée: cherche t-elle ses faons, un brocard…

Alors que le soleil se cou- che, la remise qui borde la clairére juste en face du mirador s’anime d’aboiements rageurs: deux chevreuils s’interpellent. Puis, c’est a nouveau le silence fait déjá sombre lorsque j’aper- qoís un brocard sortant de la régé- nération de pins. II n’est pas trés grand en bois, ni trés corpulent, et semble vissé á l’endroit oü il vient d’apparaítre; il est á mon avis á prés de 200 m. « Probie- ren », me dit Stanislas. Je cherche une bonne position de tir, l’animal n’est pas vraiment bien en travers, mais je me sens bien. Le coup part, manqué! Trop sur sans doute… J’aurais sürement dü m’appliquer davantage! Le brocard vient vers nous, mais

disparaít dans le fond du premier vaIIon. C’est de nouveau le silence, et aprés quelques minutes d’attente, nous nous portons vers l’emplacement de tir que Stanislas a parfaitement repéré: le brocard était la: une inspec- tion minutieuse, aucun Índice de blessure; je l’ai bien manqué.

Un départ matinal

Ce matin, il pleut: nous montons dans un mirador fermé, en bordure de chemin. Le temps de s’habituer a l’obscurité, et je découvre un champ de blé, un peu en pente, qui pourrait bien atti- rer les sangliers. Qa ne manque pas: il est á peine 5 heures et Stanislas me montre une compagnie de sangliers quí est bien á l’oeuvre: elle est sur une zone bien trop éloignée du mirador pour tenter un tir: d’ailleurs, on ne distingue que des masses noi- res qui vont et viennent. Vers 5h30, les sangliers quittent leur gagnage pour rejoindre la bauge. La pluie s’est arrétée. Attendons le brocard maintenant que les sangliers ont deserté et que le jour est levé. Rien ne venant, nous quittons le mirador pour une série d’approches de clainéres.

Nous sommes sur le bord d’un chemin oü frottis et régalis sont trés abondants: aucun doute, ila un brocard dans le I secteur!… Un fond de I prairie se dévoile, mais | rien… Nous nous postons pour jouer de l’appeau. Je prét, j’appelle, une pre- míére fois, peu de temps aprés, une secondefois… Le brocard arrive, dans notre dos, caché par les branches basses d’un arbre, á moins de 10 métres; ¡I va sortir sur le vallon á décou- vert, mais ¡I stoppe net. II prend notre vent et fait volte-face, s’ar- réte finalement indécis, en haut d’un talus, ¡I est dans la croix, mais pour des raisons de sécu- rité, je ne tire pas…

La chaleur est revenue et ce soir nous venons nous poster á terre le long d’un champ de topi- nambours, olí je remarque de nombreuses coulées: bon endroit, c’est évident. Un quart d’heure passe; j’appelle a plusieurs repri- ses, sanssuccés. Nous quittons notre place, dans la plus grande discrétion. Nous n’avons pas fait 200 m quand Stanislas pointe son doigt en direction des topi- nambours. Je vois en effet les plantes bouger; c’est une pour- suite de chevreuils, je saisis ma carabine, mais c’est déjá trop tard: la chevrette nous arrive comme une folie dans les james, fait un bond á gauche pour nous éviter, le brocard derriére suit dans la seconde, fait un écart á droite en nous voyant et disparait dans les buissons de bordure. Je lance un aboiement mais je ne parviens pas á le stop- per: il n’est pas dupe malgré son ardeur amoureuse.

Le lendemain, le jour se léve sur une immense étendue de blé bordée par la forét. L’odeur si par- ticuliére du grain mOr me plonge dans l’atmosphére enivrante d’une aube d’été. Je reve, appuyé contre les montants d’un mirador écroulé. Á quelques métres de moi, Stanislas, silencieux dans une position identique, savoure assurément le méme plaisir. Une chevrette vient d’apparaítre á environ 150 m. Arrive son com- pagnon, un brocard á l’architec- ture de six pointes; il vient cour- tiser sans doute, mais, soudain, il se retourne: apparaTt un autre prétendant, moins corpulent. La réaction du dominant est immé- diate: il fonce sur le téméraire, et le poursuit jusqu’en forét.

Cinq minutes plus tard, il réap- paraít marquant un temps d’arrét avant d’entrer dans le champ, en nous dévoilant en méme temps sa stature altiére de vainqueur. II endédaigne méme sa compagne… En aurait-il éventé une autre? II vient á nous en tous les cas, dans le blé, mais en paralléle de la bordure du champ. De temps a autre, la hauteur des tiges le cache complétement, parfois c’est juste la téte qu’on distingue, je dois done attendre son passage dans une trouée oü le blé est cou- ché pour effectuer un tir sur. Comme souvent, il s’arréte la oü je ne distingue que sa téte.

Surprise! Arrive un san- glier d’une cinquantaine de kilos; il sort du blé, se présente en travers, je ne pas de pinceau, je ne tire pas, pré- férant assurer le brocard! Le san- glier rentre dans un seigle et dis- paraít. Je suis á la lunette la pro- gression du brocard; il est á bonne distance, mais, tout á coup, je ne parviens plus á le distinguer, je ne le vois plus… sans doute fondu dans cet océan de céréales, a la faveur d’une petite buttele en le reverrai jamais, malgré des appels renouvelés á l’appeau.

La sortie du soir ne donnera rien. Le lendemain matin, c’est Christophe qui m’accompagne, Stanislas ayant un empéchement. Nous parvenons avec précaution á une grande prairie humide sur laquelle nous observons une chevrette. Á plus de 200 m, en bordure d’une dépression, mon jeune guidesignale un brocard: en effet, dans mes jumelles, je distingue l’animal, qui disparait néanmoins dans la zone en contrebas. Nous attendons patiemment que la chevrette s’en aille, ce qu’elle fait au bout de quelques minutes, nous laissant l’approche libre. Je fais comprendre á Christophe qu’il serait bien de parvenir jusqu’á un buisson, á partir duquel je donne- rai un coup d’ajjpeau. Le vent nous est favorable, et nous parvenons, sans perturber qui que ce soit, jusqu’á ce fameux bouquet d’épine.

Je m’installe, prét á tirer… Je donne un coup d’appeau, un second, et l’attente commence… Quelques minutes se sont écoulées quand apparaít le brocard : il nous fait face; trompé, il avance encore, s’arréte, se présen- tant enfin bien en travers á métres environ. Une baile bien placée le cloue sur place, alors que Christophe, vraiment étonné, me félicite chaleureuse- ment. II saisit mon appeau But- tolo, me signifiant qu’il est vraiment surpris de son efficacité. Je prends plaisir á lui faire comprendre qu’il se garde bien de géné- raliser, car c’est loin de marcher á tous les coups. Le brocard est un six pointes dans la moyenne des brocards de cette région. J’ai tout de suite une pensée pour Stanislas qui, depuis six sorties, fait tout son possible pour me conduire á la réussite, sans y parvenir, alors que ce matin toutes les chances se sont mises de notre cóté.

Ce sera le seul brocard de ma semaine de chasse sur le terri- toire d’Osno. Pendant le rut, c’est un tableau dont il faut savoir parfois se contenten Le plaisir est dans cette fagon de pratiquer une chasse loyale lors de ces sorties de l’aube et du crépuscule, avec á ses cótés un guide compétent.

JEAN-MARC THIERNESSE